Pierre Heili

Pierre Heili


Pierre Heili, vice-président de la Fédération des sociétés savantes des Vosges, est décédé le 15 mai, au terme d'une impitoyable maladie. Né à Plombières en 1944, il s’était établi à Remiremont pour y enseigner l’histoire et la géographie. Par goût personnel, par attachement à sa petite patrie, aux Vosges et la Lorraine, mais aussi pour enrichir son enseignement et pour mettre en valeur l’histoire et le patrimoine de sa région, Pierre s’engagea très tôt dans une démarche de recherche où s’articulaient le dépouillement des archives, l’exploration du terrain et l’écoute des témoignages.


Il serait vain de vouloir énumérer ses publications et ses communications, ainsi que les manifestations dont il fut la cheville ouvrière dans le cadre de la Société d’histoire de Remiremont et de sa région, qu’il présida de longues années, ou dans celui de la FSSV. Parmi ses très nombreux travaux, retenons ici les études sur le Saint-Mont, sur Anne-Charlotte de Lorraine, sur les imprimeurs Vosgiens, sa participation au dictionnaire des Vosgiens célèbres, aux Regards inédits sur les Vosges. Il a contribué largement à la mise en place de toutes les Journées d’études vosgiennes et aux Salons du livre de la Fédération. Collectionneur et bibliophile, il avait des connaissances d’une étendue et d’une précision qui faisaient de lui sans conteste le plus éminent bibliographe des Vosges.


Erudit sans être pédant, accueillant avec les débutants, il a facilité la tâche de nombreux jeunes chercheurs et de bien des apprentis historiens de tous âges.  Au sein du Conseil d’administration et du Bureau de la FSSV, ses avis étaient non seulement attendus mais écoutés. Sachant se taire pour entendre les autres, il faisait partie de ces rares personnes capables de travailler en équipe, faisant valoir ses arguments en distinguant lui-même ses préférences affectives de ce qui relevait de la rationalité, ne rendant pas facilement les armes devant la contradiction, mais l’acceptant presque toujours avec le sourire, jusqu’à se ranger le cas échéant à une décision majoritaire et à la respecter fidèlement.


Porté par son éducation et sa culture profondément lorraine, Pierre usait volontiers de la litote et de la prétérition, et il réservait les superlatifs aux grandes occasions. Il disposait d’un sens de l’humour et de la dérision, voire de l’autodérision, qui le mettait à l’abri des emportements et de toute forme de fanatisme, bien sûr, mais qui lui faisaient parfois porter sur le monde et sur ses contemporains un regard un rien désabusé. Et pourtant, il y avait toujours une petite lumière en lui qui l’empêchait de basculer dans le scepticisme et l’aigreur, toujours ce besoin de partager quelque chose avec les autres, que ce soit des connaissances savantes, la lecture d’un vieux livre ou un simple demi bien frais. C’est pour cela que si les Vosges perdent un de leurs meilleurs historiens, si les sociétés savantes déplorent le départ d’un exemple de dévouement et d’efficacité, à titre personnel, nous sommes nombreux à pleurer tout simplement un ami.

 

A son épouse, à ses fils, à tous ses proches, nous présentons nos plus sincères condoléances.
 

[Mis en ligne le 24 mai 2016]