Journée d'études au Saint-Mont

 

Journée d'étude au Saint-Mont

 

Organisée par la Société d'Histoire de Remiremont



Compte rendu

 

La société d’histoire de Remiremont a organisé le samedi 10 octobre dernier une journée d’études consacrée au Saint-Mont. Le 1400ème anniversaire de la mort de saint Colomban, la reprise des fouilles archéologiques sur le site du plus ancien monastère féminin de Lorraine, l’achat par la commune de Saint-Amé de la totalité des terrains concernés justifiaient cette manifestation qui a connu le plus large succès dépassant de beaucoup les espérances puisque plus de 200 personnes ont participé aux conférences et aux visites proposées.

Les trois premières conférences ont permis de faire le point sur les origines monastiques de Remiremont.
Monique Goullet a revisité les « vitae » d’Amé, Romary et Adelphe dans leur version du 7ème siècle puis dans leur réécriture empreinte de légende au 11ème siècle au moment où les fondateurs du monastère romarimontain sont canonisés.
 

Communication de Monique GoulletLa salle


Charles Kraemer a ensuite présenté les différents vestiges mis au jour par les archéologues et a tenté d’en établir la chronologie. Les premiers bâtiments conventuels situés en contrebas du sommet sur une sorte de terrasse naturelle entourés d’une enceinte fortifié pourraient correspondre à un habitat antérieur. Très vite le monastère s’établit au sommet de la montagne avec la construction, à l’emplacement de la chapelle actuelle, d’une église dédiée à saint Pierre. Entre les deux, à mi pente, une basilique funéraire aurait pu exister à l’emplacement de ce que l’on appellera plus tard la chapelle sainte Claire. C’est à cet endroit que des fouilles ont eu lieu dans l’été 2015. Elles ont révélé l’existence d’une soixantaine de « formae ». Nombre certainement en deçà de la réalité, l’ensemble du site n’ayant pas été complètement exploré. Les « formae » sont des tombes individuelles mais pouvant être réutilisées pour y loger de nouveaux défunts. Il s’agit d’un dispositif funéraire spécifique. Les sépultures sont constituées de rectangles adjacents séparés les uns des autres par une paroi maçonnée qui est commune avec la tombe voisine. Ce qui permet d’inhumer de nombreux corps individuellement dans un espace restreint comme c’est le cas au Saint-Mont. Aux dires des archéologues l’ensemble funéraire du Saint-Mont serait, dans ce type de sépulture, un des plus importants de l’occident chrétien.

Dans une troisième communication, Martine Aubry-Voirin a souligné l’importance du mobilier retrouvé au Saint-Mont pour la période des 7èmes et 8èmes siècles avant que les moniales n’abandonnent les lieux pour s’établir dans la vallée pour donner naissance à l’abbaye et à la ville de Remiremont. Comme les chanoinesses qui leur succéderont les religieuses du Saint-Mont semblent avoir vécu dans un certain luxe qui traduit déjà leur origine sociale aisée. De nombreux fragments de céramique tournée finement, décorée à la molette ou au poinçon, des éléments de pots de poêle, des débris de pierre ollaire, tous de provenance lointaine, nécessitant un transport coûteux, démontrent à l’évidence la richesse de l’établissement.


Martine Aubry-Voirin citée dans la presse locale


Les deux interventions suivantes, plus historiographiques, ont montré la persistance du culte des saints colombaniens dans le pays de Remiremont jusqu’à notre époque. Saint Del, un des douze compagnons de Colomban, a fondé l’abbaye de Lure. Mais son culte s’est surtout développé dans les Vosges du Sud, à Gerbamont où une chapelle lui est dédiée et surtout à Raon-aux-Bois où un pèlerinage a toujours lieu. Pierre Heili a montré comment ce culte d’abord individuel a été repris en main par le diocèse de Saint-Dié à une date récente pour l’organiser selon les règles de l’Eglise.

Gérard Dupré a terminé la matinée en projetant un magnifique diaporama sur les saints du Saint-Mont à travers les vitraux d’église, ceux du 19ème siècle, mais également ceux de la reconstruction après les dégâts causés par les combats de la libération à l’automne 1944.


Deux visites guidées étaient proposées l’après midi.

La première a conduit un groupe important jusqu’au sommet de la montagne du Saint-Mont où les responsables des fouilles ont pu expliquer sur le terrain ce qu’ils avaient évoqué dans la matinée. En particulier Thomas Chenal, nouveau responsable du chantier, s’est essentiellement concentré sur le site funéraire des « formae » à côté de la chapelle Sainte-Claire.

Pendant ce temps un deuxième groupe non moins important que le premier a suivi un sentier sur le flanc sud de la montagne pour découvrir les vestiges des anciens abornements du domaine monastique et de ses forêts pour arriver au lieu dit « Vieux-Saint-Amé » où, selon la tradition, le premier abbé du Saint-Mont mourut en 629. Cet endroit verra s’élever plus tard une église paroissiale déplacée en 1724 au village de Saint-Amé proprement dit.
 

A proximité du château de Celle


C’est dans cette commune que les participants à la journée se sont retrouvés pour la visite d’une exposition sur les objets de fouilles trouvés depuis 1976 et pour une sympathique cérémonie de clôture. Tous se sont donnés rendez-vous en 2020 pour le 1400ème anniversaire de la fondation du Saint-Mont.