Association des amis du ban d'Etival
Les Cahiers du Ban n°6
Parus le 16 septembre 2015
Les Amis du Ban d’Étival présentent le numéro annuel (n°6) des Cahiers du Ban. Ce numéro composé de trois articles évoque le quartier de l’Abbaye, la vie à Étival pendant la Première Guerre mondiale et la Pierre d’Appel entre passé et avenir.
Sous l’Ancien Régime, c’est-à-dire avant la Révolution française, seule l’abbaye des Prémontrés portait le nom d’Étival ; les habitants résidaient au Vivier, à Deyfosse, au Ménil, à Pajailles, à la Fosse. L’abbaye formait un ensemble fortifié qui comprenait l’église abbatiale qui servait aussi d’église paroissiale, les bâtiments conventuels, le palais abbatial, des écuries, remises granges et autres dépendances et des jardins. On accédait par une porte double surmontée d’un logement dans la Basse-Cour. Cette porte donnait sur la grande voie qui desservait le ban d’Étival, de Saint-Dié à la Neuveville-lès-Raon. La dissolution des communautés ecclésiastiques et la vente des biens nationaux ont bouleversé cette organisation ; mais plus que tout c’est la décision en 1846 de percer une voie à travers l’espace canonial qui a eu le plus fort impact, car le chemin de grande communication n°23 en obliquant directement par l’Abbaye vers la route royale n°59, non seulement évitait l’entretien de 3 km en bordure de la Côte de Repy, mais traversait un espace si longtemps clos. L’aménagement de cette voie a aussi favorisé, sans vraiment le vouloir, le développement de Clairefontaine, avec la création des papeteries en 1858. Pourtant petit à petit les autorités communales réinvestissent ce territoire, en y construisant d’abord un presbytère (1840), en déplaçant le cimetière communal à la place des jardins puis en y installant la maison commune, la poste, le marché, la bascule… La municipalité est amenée à racheter des anciennes maisons canoniales (pour faire un passage vers le cimetière, pour une salle de réunions, la dernière en date ayant été transformée en Médiathèque). Les circonstances l’amènent à construire de nouveaux bâtiments : salle Edmond Cunin, la résidence de la Valdange et la place abbatiale est réaménagée.
Le deuxième article apporte un éclairage différent sur la Grande Guerre à Étival, à la lecture des cartes postales échangées entre les soldats et leurs familles. On peut se rendre compte que la vie quotidienne reste inchangée mais qu’une angoisse permanente se lit entre les lignes. Les textes n’ont pas été corrigés pour plus d’authenticité. La lecture de ces cartes postales lors de la semaine de célébration de la Grande Guerre à Étival (24 au 31 août 2014) avait touché un public venu nombreux ; les Amis du Ban d’Étival ont souhaité le consigner par écrit pour en garder le souvenir.
Qui ne connaît pas le magnifique panorama vu de la Pierre d’Appel ? Savez-vous que du haut de ce promontoire 25 siècles vous contemplent ? Nous devons à Gérard Grau cette succincte synthèse des fouilles archéologiques menées en ce lieu, qui évoquent une riche histoire bien avant l’arrivée des moines à Étival.
Une autre approche de la Grande guerre dans le ban d'Étival à travers les cartes échangées
Daniel Thiéry
Les militaires ont fait la guerre pendant 4 ans, les populations civiles ont subi les effets de celle-ci pendant plusieurs dizaines d’années Avec un regard différent de celui habituellement porté par ceux et celles qui ont jeté toutes leurs forces, toute leur énergie et tout leur courage dans les combats armés, le souvenir de ces temps tragiques peut être abordé autrement et notamment avec l’aide des nombreux écrits que nous ont laissés les témoins de cette période.
Etival, petit village vosgien, a connu en ce début du XXe siècle des bouleversements que nous pourrons découvrir ou suivre par la lecture des courriers échangés par ceux ou celles qui habitaient dans ce lieu, ou par ceux qui y sont venus, conduits par les affrontements nés de la déclaration de mobilisation du 2 août 1914, synonyme de guerre. Par la trace écrite du “quotidien” et des témoignages de vie, nous pouvons accéder à une connaissance du vécu de nos ancêtres, différente de celle apprise dans les livres d’histoire.
Dès les premières années du XXe siècle, des troupes militaires sillonnent notre bourgade. Se préparer pour un éventuel affrontement est visible depuis longtemps.
Le 22 juillet 1904 un soldat écrit à ses parents : Chers parents Nous sommes aujourd’hui à Etival qui est un assez beau pays. A dessus de cette tour se trouve un nid de cigognes. Nous avons traversé monts et vallées par une chaleur accablante. Un d’entre nous est mort, Moi je me porte très bien Tout à vous. |
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Nous retrouvons également le 20e bataillon de chasseurs 4e compagnie à la Pierre d’Appel... |
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... Ou au bivouac lors de la distribution du café à Etival. |
Les proches donnent également des indications sur les nouvelles technologies ou forces en présence de l’adversaire. Un militaire en poste à Lunéville écrit à ses parents le 16 avril 1913 : Chers Parents, Je vous envoie 2 photographies du dirigeable allemand alors vous devez penser de près quel monument que ça doit être. Avez-vous reçu ma lettre ? Signé Victor |
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