Nous nous serions volontiers dispensés d’ajouter une goutte d’eau à l’océan d’indignation légitime qui nous inonde depuis hier, mais comment concevoir qu’une Fédération de Sociétés consacrées à la recherche, à la construction et à la diffusion du savoir puisse rester silencieuse devant cette aveuglante manifestation de l’obscurantisme, de l’ignorance et de la bêtise ?
« Oser penser », prescrivait Kant, parmi d’autres. Nous sommes présents pour donner suite à ce précepte fondateur de la liberté de conscience, à notre manière, comme Charlie Hebdo l’est à la sienne. Nous ne sommes pas seulement les spectateurs horrifiés du crime, nous en sommes les victimes, et plus que symboliquement. Chacun d’entre nous trouvera au fond de lui-même les ressorts personnels pour réagir, mais au titre de la FSSV, nous devons réaffirmer notre engagement quotidien au service de la connaissance et de l’ouverture aux autres. Le projet des Lumières n’est pas périmé, il faut seulement le tenir à jour.
Pour terminer, il nous faut exprimer une pensée moins philosophique et plus affective pour les victimes, les dessinateurs, les journalistes, les policiers, les autres personnes tuées ou blessées, et pour leurs proches. Nous pleurons sur nos idées, ils pleurent ceux qu’ils aimaient.
Christian Euriat, pour le Président, le bureau et, en tout, dix-neuf représentants des Sociétés.
(Suite à son courrier du 7 janvier, C.E. n'a reçu aucune réponse négative lui demandant de ne pas insérer un tel article.)
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